Qu’est-ce qu’un journaliste aujourd’hui ? Est-il animé par le désir d’informer ou par la nécessité de gagner sa vie ? Dans le jeu trouble du commerce de l’information et de la production d’événements, la position du journaliste est ambiguë. A travers l’histoire du journalisme, et par le biais de témoignages contemporains, une réflexion sur l’état de la profession s’impose. Quels sont les liens entre journalisme, politique et finance ? Alors que les médias enracinent leurs influences idéologiques au coeur de la société, le fantasme d’une information objective et neutre perdure.
La profession évolue dans un productivisme effréné. La rentabilité et l’injonction de rapidité du traitement de l’information ont transformé les journalistes « en ouvriers des usines modernes qui ne sont pas là pour réfléchir ». A part dans quelques entreprises publiques, rares sont les petites mains de l’info qui tapent du poing et luttent contre ces conditions de travail. Dans les groupes de médias privés - détenus en France par seulement six ou sept sociétés tentaculaires - la règle demeure le silence et l’autocensure. La précarité
de la profession musèle bien souvent toute vocation d’un journalisme d’investigation et d’émancipation.